Viv Albertine et la route du punk / féminibooks #2

A force de vous teaser ici ou , vous l’avez peut-être deviné, aujourd’hui je vais vous parler de De fringue, de musique et de mecs de Viv Albertine pour ce féminibooks !
Alors non je n’avais jamais entendu parler de cette femme, et le titre et la couverture me donnait drôlement l’impression d’un roman de bit-lit un peu kitch. Comme quoi les premières impressions…
Il s’agit en fait de l’autobiographie de Viv Albertine. Elle ne vous dit rien ? A moi non plus elle ne me disait rien, et tant mieux parce que j’ai découvert une femme au parcours fascinant de sincérité.

La révélation punk

Viv est arrivée à Londres en 1958, à quatre ans. Très vite sa mère quitte son père violent et se retrouve seule à les éduquer elle et sa soeur. Viv grandi dans l’Angleterre des Beatles et des Kinks et se passionne de musique, en somme une éducation presque banale de l’Angleterre des sixties. En grandissant, ses choix l’amènent sur la fabuleuse route du punk. A la fin des années 70, en pleine vingtaine, elle se rend compte devant un concert des Sex Pistols qu’elle voulait être Johnny Rotten, ce mec sur scène qui gratte sa guitare et beugle dans un micro. Alors elle s’achète une guitare et décide bon gré mal gré d’en jouer. Objectivement elle n’est vraiment pas douée mais elle n’arrête pas pour autant et Ari up, une chanteuse punk de 14 ans s’en fiche et lui demande d’intégrer les Slits, un groupe de punk-rock exclusivement féminin comme on en avait jamais entendu.

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Dans ses mémoires de fille punk qui porte un tampon en guise de boucle d’oreille et qui se fait menacer de viol à chaque coin de rue, il y a plein de choses croustillantes : la drogue, les morpions, les squats de junkis, les fellations ratées, les nuits de débauche avec Sid Vicious. Ne vous en faites pas si vous venez pour ça elle répertorie toutes ces anecdotes en premières pages, histoire de bien faire comprendre que ce n’est pas ce qu’il y a à chercher.
Ce n’est pas de ça dont elle veut parler mais plutôt de tous les obstacles qu’elle a rencontré liés à son genre, et le premier a été de monter sur scène jouer de la guitare à une époque où les filles dans le rock étaient les petites copines du batteurs ou les vendeuses de tee-shirts.

En bonnes punks qui se respectent, les slits refusaient l’étiquette de féministe, ce qu’elle voulaient  c’était de  « donner envie aux mecs d’être elle, pas de les baiser« .
Ce n’est pas un livre sur le punk, c’est un livre punk qui se fout des étiquettes et qui parle au présent avec honnêteté et spontanéité. Le punk ce n’est pas (que) de l’héro, du cuir, des crêtes et du scandale. C’est surtout la recherche d’une autre forme d’expression quand on a eu l’impression d’avoir tout trouvé. Et pour une femme qui a grandit à une époque où on lui impose l’idée que le grand amour existe ça ouvrent pleins d’autres possibilités qu’un mariage (mal)heureux à 25 ans. C’est ce qu’elle a vu en Johnny Rotten, un mec qui « ne cherche pas à s’excuser de qui il est, ni d’où il vient. Il en est même fier. ».
Et ne pensez pas que Viv est méchante ou impressionante, elle est au contraire particulièrement attachante avec ses balbutiements d’adolescente et ses doutes sur scène ou dans le lit d’un garçon.  Dans ses mémoires elle confie toutes ses maladresses.

La face B

Et puis un jour, les années punk se finissent et les Slits se séparent. C’est la face B,  les années post-punk commencent, à 25 ans Viv est vieille, n’a pas un sou et décide de faire une école de cinéma, elle devient alors réalisatrice à une époque où il y en avait encore moins qu’aujourd’hui. Et puis soudain elle tombe sur le garçon, celui avec lequel elle se marie et veut un enfant qui ne vient pas, plusieurs FIV, un cancer et une vie de mère au foyer. Sans s’en rendre compte elle est anéantie. Il lui aura fallu 10 ans pour remettre une guitare dans ses mains et jouer dans des jams organisées dans des bars de province.

Ce livre est une mine d’or de moments de vie presque banales que l’autrice met en perspective, sans avoir l’air de le vouloir, avec ce que c’est d’être une femme dans l’espace public, en tant que punk qui s’habille de latex ou en tant que mère au foyer survivante du cancer. Dans les deux cas, ça prend de la place, des places qui prisent par une femme ne plaisent pas toujours. Pour elle c’est important de trouver la force d’être tout cela au jour le jour. L’adage No future devient alors plus positif qu’il n’y parait.

Je suis ravie d’avoir lu ce livre qui m’a permis de découvrir plus largement la scène punk féminine. Et c’est chouette d’écouter de la musique écrite par des femmes, dans laquelle je me sens personnellement plus représentée que dans la musique de beaucoup de groupe très connus, portés par des hommes très connus. Je vous partage d’ailleurs avec plaisir ma playlist spotify inspirée par cette lecture.

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J’espère que je vous aurez donné envie de lire ce livre fabuleux et que vous aurez découvert de chouettes lectures avec cette session du féminibooks, hier c’était Petit papier qui vous parlait du livre Bad Féministe et  demain ce sera Le panda qui lit qui vous parlera de l’ouvrage « l’ourlet de nos jupes » de Florence Cardier, personnellement j’ai hâte de lire tout ça ! Vous savez aussi que le féminibooks c’est sur Youtube, aujourd’hui c’est Lady Caféine Books qui vous parle de bande-dessinnée et demain ce sera Voyage à dos de Dragon qui vous parlera du roman dystopique  « Aussi libre qu’un rêve » de Manon Fargetton 😉

 

 

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